Y a-t-il un lien entre volonté d’interdire la publicité numérique, et difficulté pour les commerces dans les grandes villes ?


Y-a-t-il un lien entre commerce en berne dans les grandes villes et volonté d’interdire la publicité numérique par les autorités politiques locales ? C’est la question que le SNPN s’est posée, à la vue des nombreux articles que nous avons pu voir sur la baisse de fréquentation qui touche aujourd’hui certains centres-villes du pays.

Si nous ne pouvons pas répondre « Oui », comme un lien direct de cause à effet, il faut pourtant dire que la comparaison est troublante. En effet, parmi les villes en grandes difficultés vis-à-vis du dynamisme de leur activité commerçante, plusieurs d’entre-elles ont choisi de vouloir restreindre très fortement (voire d’interdire) la publicité numérique extérieure. Cela révèle, en réalité, un parti-pris évident contre la consommation, qui n’a pour effet que d’affaiblir les commerces locaux, et de diriger les consommateurs vers les commerces en ligne.

En effet, le parti-pris contre la publicité extérieure n’impacte pas que le secteur de la publicité, et la raison est très simple : les entreprises ne font pas de la publicité parce que ça leur fait plaisir, mais parce qu’elles en ont besoin. Présenter leurs projets, leurs produits, faire venir des clients chez-elle… Tout cela participe au dynamisme des centres villes.

En voulant interdire et restreindre très fortement la place de la publicité extérieure, et particulièrement la publicité extérieure numérique, certaines collectivités font le choix de détourner les consommateurs des commerces, associations et acteurs locaux (qui sont 95% des clients du secteur de la publicité numérique), vers d’autres modèles de publicité, beaucoup plus mondialisés, notamment sur les réseaux sociaux et les GAFAM.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre, participant à une croissance exponentielle pour le commerce en ligne et des entreprises comme Amazon, et créant un vide dans les centres-villes qui a pour conséquence des fermetures de commerces et des difficultés économiques pour les commerçants.

Prenons par exemple la ville de Lyon, qui a voulu interdire la publicité numérique (article France 3) :

L’exemple de Nantes, qui a voulu interdire la publicité numérique grand format en la limitant à un format de deux mètres carrés est aussi un bon exemple (article du Figaro) :

Idem pour Grenoble qui, comme Lyon, a voulu interdire purement et simplement la publicité numérique (article actu Grenoble) :

En conclusion : chaque publicité extérieure supprimée par des règlements trop restrictifs, est un moyen de moins pour les commerces locaux de pouvoir s’en sortir, et pour les commerçants, de vivre de leur travail en amenant des clients chez eux. Les conséquences de certains choix de certaines collectivités dépassent très largement le seul secteur de la publicité numérique et de la publicité extérieure en général, et a un impact profond sur la vie au sein des grandes métropoles, l’emploi et l’attractivité. Si les conséquences de cette volonté d’interdire la publicité numérique sont évidentes pour notre seul secteur d’activité, cela engage aussi des centaines d’emplois indirects au sein des villes, et c’est alors tout le tissu local qui en pâtit.

En favorisant indirectement les GAFAM, certaines villes font donc le choix d’affaiblir leur commerce local, et de renforcer des entreprises qui ne payent pas d’impôts en France. La croissance de la publicité sur les GAFAM est d’ailleurs de plus de 10% chaque année. Certains élus ont pourtant pris position publiquement contre Amazon, comme Madame Johanna Rolland, maire de Nantes, mais le favorisent par le Règlement Local de Publicité dont elle a demandé l’élaboration pour sa métropole. Des paroles qui ne suivent pas les actes ? On vous laisse en juger.

Il y a donc une nécessité de fabriquer des RLP équilibrés, qui soient capables de trouver un juste milieu entre possibilité, pour les commerces, de faire de la publicité, et respect du cadre de vie pour les citoyens. Le sujet n’est pas d’avoir de la publicité partout, mais il n’est pas non plus d’avoir des centres-villes pleins de commerces fermés, de rideaux de fer recouverts de tags, et de panneaux en plastique : « fermeture définitive. »


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